16 octobre 2018

 


 

 

 

PERPIGNAN (PYRÉNÉES ORIENTALES) :
Une vingtaine de lycéens débarqués du bus qui les ramenait à la maison.
 


L'incident est survenu aux environs de 17 h 15 vendredi dernier sur l'avenue Julien-Panchot. - MICHEL CLEMENTZ.
 

 
Vendredi, la conductrice de la ligne 12 aurait exclu les scolaires de son autocar pour cause de chahutage.

Intolérable ". Stéphanie Escola n'a pas d'autre mot pour qualifier l'attitude d'une conductrice de bus Sankéo. En fin d'après-midi, vendredi, la salariée de la compagnie « a mis les enfants dehors et les a laissés dans la rue se débrouiller seuls, à leurs risques et périls », dénonce la maman d'élève, offusquée.

Sa fille Lucie, âgée de 15 ans, scolarisée en seconde au lycée Arago de Perpignan, a vécu la mésaventure. « Elle était sortie de cours à 17 heures et avait pris le bus, comme tous les jours » , témoigne Stéphanie qui reçoit un coup de téléphone vingt minutes plus tard. « Lucie était perdue, elle ne savait pas où elle se trouvait, elle m'a donné le nom de deux enseignes qu'elle voyait sur la route, j'ai localisé l'avenue Julien-Panchot, je m'y suis tout de suite rendue ». « J'étais folle de rage,  c'est une mise en danger  de la vie d'autrui ».

Domiciliée à Toulouges, la mère de famille saute dans sa voiture et prend la direction de Perpignan. À la sortie du village, elle croise le bus de la ligne 12, dans lequel Lucie était montée. « Le car est vide » , relève Stéphanie qui prend soin de noter le numéro d'immatriculation du véhicule et poursuit son chemin pour arriver sans tarder à hauteur de la station-service Dyneff près de laquelle elle aperçoit sa fille ainsi qu'un groupe de jeunes ados, « errant sur la piste cyclable ».

D'autres parents viennent de leur côté. Stéphanie récupère Lucie et une copine qu'elle ramène à Canohès. « J'étais folle de rage. On n'a pas le droit d'abandonner des enfants dehors, comme ça, à plus de 5 kilomètres de chez eux. Ces chauffeurs ont la responsabilité de nos gosses entre leurs mains, il est inadmissible qu'ils agissent de la sorte. C'est une mise en danger de la vie d'autrui délibérée » , tempête la Toulougienne.

Encore plus fâchée d'apprendre les raisons de l'incident. « L'employée n'a pas supporté que des élèves appuient sur le bouton stop sans descendre aux arrêts. Du coup, au lieu de les conduire comme elle doit le faire à Toulouges et Canohès, elle leur a imposé à tous de quitter l'autobus et elle est partie » , fulmine-t-elle, déterminée à réclamer une sanction envers l'intéressée.

À peine rentrée, Stéphanie Escola envoie donc un mail de doléances à Sankéo. Sans réponse durant le week-end, elle contacte à nouveau la compagnie hier matin et cette fois par téléphone. « Je porte réclamation contre cette professionnelle afin que son irresponsabilité soit sanctionnée et pour qu'elle ne recommence plus. Depuis la rentrée, c'est toujours elle que nos enfants ont sur le trajet du lycée et elle n'en serait pas à sa première fois. Sauf qu'auparavant, elle aurait fait descendre trois à quatre lycéens, pas tous », tranche la mère de Lucie. Espérant que d'autres parents, « ayant perdu confiance en Sankéo », se joignent à sa requête.

La version de la conductrice : « Des débordements  à la limite de l'émeute ».

Alertée depuis vendredi soir, la compagnie de transport a une tout autre version des faits. Celle de la conductrice en cause, salariée d'une entreprise à qui Sankéo sous-traite cette rotation ouverte entre le lycée Arago et Canohès. « Il y avait de gros débordements à l'intérieur du véhicule plein d'une cinquantaine de passagers. Un chahut à la limite de l'émeute. La conductrice a prévenu le central pour obtenir l'intervention des contrôleurs. Toutes les équipes étaient prises, on lui a dit de s'arrêter à la desserte Langevin. Elle y est arrivée, a stoppé, demandé le calme et ouvert les portes en attendant ses collègues », relate la direction de la société.

Or l'employée a-t-elle alors demandé aux jeunes perturbateurs de descendre ? Elle affirme que non, précisant « que plusieurs élèves étaient partis de leur propre chef. Puis, ne voyant pas les contrôleurs venir, elle aurait redémarré pour finir son service avec une quinzaine d'enfants à bord ». Reconnaissant de toute façon une faute imputable à l'employée, « car les jeunes n'auraient jamais dû sortir du bus » , Sankéo promet de mener une enquête interne afin de départager les deux versions.

Un conducteur giflé.

Vendredi, la loi des séries a joué. À l'heure où la conductrice sollicitait l'intervention des médiateurs, ils étaient occupés par l'agression d'un chauffeur de la ligne 23. Quartier Pascot à Perpignan, ce dernier venait d'être giflé par le parent d'une adolescente à qui il avait refusé l'accès au car. La carte de transport scolaire de la petite n'avait pas fonctionné et, malgré la consigne de Sankéo de prendre ces élèves abonnés en charge, elle avait dû rentrer à pied. Ses proches n'avaient pas apprécié. Sept jours d'ITT.

Corine Sabouraud